Les actions partenariales de l’EPMP, en particulier la mise en place contractuelle de règles de gestion de l’eau, ont une influence sur le régime hydrique de la zone humide. Afin d’évaluer leurs effets sur la biodiversité, l’EPMP œuvre à l’amélioration de la connaissance via le pilotage d’un dispositif de recherche mené avec les laboratoires Ecobio (Université de Rennes, CNRS) et Geolab (Université Clermont Auvergne, CNRS).
Ce dispositif répond à une demande du SDAGE Loire-Bretagne et s’inscrit dans le CT cadre du territoire et le DOCOB NATURA 2000. Les actions menées dans ce cadre sont intégrées à l’observatoire du patrimoine naturel qu’elles complètent et au sein duquel sont puisées des données de référence.
Contexte
Le Marais poitevin est une vaste zone humide de près de 1 000 km2. Elle est au fil des siècles fortement aménagée par l’homme afin d’accueillir de nombreuses activités en particulier liées à l’agriculture. L’eau, élément central, est alors avantageuse ou contraignante en fonction des saisons et des activités. La gestion de l’eau consiste à conduire cet élément à travers une multitude de casiers hydrauliques structurés par des réseaux de digues, de canaux et de vannes. En résulte une mosaïque de territoires diversifiés sur le plan du régime de l’eau et sur le plan paysager (prairies ouvertes, prairies bocagères, grandes cultures, boisements humides, etc.).
Ces aménagements et la volonté de tirer le meilleur profit de ces espaces ne sont pas toujours compatibles avec le bon état des écosystèmes. Or la conservation des prairies naturelles humides et des habitats aquatiques constitue un enjeu fort tant pour la préservation du patrimoine naturel que pour les services rendus par ces écosystèmes (épuration, production fourragère, maintien des berges, attrait touristique, etc.).
Le dispositif de recherche porte sur cette biodiversité fragile, étroitement liée aux activités pastorales et à la présence de l’eau.
Dispositif de suivi
Le dispositif de recherche repose sur un ensemble de suivis réalisés sur différents secteurs du Marais poitevin. Sont étudiés d’une part les caractéristiques de diverses communautés de faune et de flore et, d’autre part, de nombreux paramètres décrivant leur environnement. C’est grâce à cette importante base de données que les chercheurs en écologie nous aident à mieux comprendre l’influence des différents paramètres de l’environnement sur la biodiversité. Nous pouvons alors évaluer et comprendre à la fois les différences de biodiversité entre secteurs de marais, mais aussi les dynamiques au cours du temps au sein de chaque secteur.
Les conditions environnementales suivies peuvent être regroupées en trois familles de variables : le régime hydrique (hauteurs dans le canal, fluctuation des niveaux d’eau, durée d’assec, surface en eau, etc.), le paysage (assolement, linéaire de canaux, type de sol, etc.) et la qualité de l’eau (quantité de matière azotée, salinité, saturation en oxygène, pH, présence de micropolluants, etc.).
Caractérisation des conditions environnementales dans les 11 zones d’études
Le suivi de la faune et de la flore a évolué avec un premier dispositif (2014-2021) qui a porté sur 11 secteurs répartis sur l’ensemble du territoire du Marais poitevin. Sept groupes biologiques ont été étudiés : les poissons, la végétation aquatique, la macrofaune aquatique et les écrevisses dans les canaux ; la végétation et les limicoles nicheurs (oiseaux) dans les prairies et enfin les odonates (libellules et demoiselles) qui utilisent les deux milieux au cours de leur vie.
Cartographies des 11 secteurs et des stations d’études associées – Fiches protocoles suivis biologiques
Le second dispositif (depuis 2023) s’étend à 34 secteurs et se concentre uniquement sur la végétation prairiale et aquatique mais avec le même effort fourni pour décrire les conditions environnementales.
Cartographie des 34 secteurs d’études
Résultats de l’étude
Il est difficile de définir le « bon état » des écosystèmes. Toutefois, les communautés animales et végétales étudiées semblent globalement assez dégradées. En témoignent la faible végétalisation des fossés, la faible densité d’oiseaux nicheurs ou encore la dynamique des espèces envahissantes. On observe néanmoins de forts contrastes entre secteurs et entre années avec certains descripteurs de biodiversité parfois tout à fait remarquables.
Les résultats de cette étude montrent que le régime hydrique, et donc la gestion de l’eau, exercent une influence sur toutes les communautés observées. Cependant, les autres caractéristiques environnementales jouent systématiquement un rôle loin d’être négligeable qu’il faut également considérer.
La gestion de l’eau est donc un bon levier d’action pour préserver la biodiversité si elle est prise en compte dans toute sa complexité (marnage, fluctuation, niveau d’eau, inondation, assec, etc.) et en considérant les autres paramètres de l’environnement.
Résultats de la phase de suivi 2014-2021
Articles scientifiques produits par groupe biologique (liens à venir) : végétation aquatique, végétation des prairies, écrevisses, poissons, macrofaune bentique, Odonates et limicoles nicheurs.
Analyse sur les sites avec contrat de marais 2020-2022
Résultats de la phase de suivi 2023-…
Ce second dispositif permet d’inscrire dans le temps long les suivis des 11 sites initiaux et d’élargir le nombre de sites, toujours dans l’objectif d’amélioration des connaissances et également pour évaluer les sites soumis à des modification de gestion de l’eau. Les premiers résultats sont attendus pour 2026.